Barbara Petrongolio, professeure d’économie à l’université de Queen Mary, explique comment analyser les différences hommes-femmes sur les marchés du travail européens.
“L’implication massive des femmes dans l’économie fait partie des évolutions majeures du monde du travail durant le siècle dernier. De fortes inégalités subsistent cependant et elles diffèrent énormément d’un pays à un autre. L’écart de salaire moyen entre hommes et femmes est de 30 % dans les pays anglo-saxons, et de 10 % dans les pays du sud de l’Europe.
Mais les apparences sont ici trompeuses puisque lorsqu’on analyse la situation en termes d’emploi, on remarque qu’il y aurait une plus forte sélection dans les pays du sud de l’Europe qui pousserait les femmes les moins productives et moins éduquées hors du marché du travail. Et lorsqu’on corrige cette sélection, on remarque que les pays du sud de l’Europe font face à des niveaux d’inégalités salariales comparables à ceux des pays anglo-saxons
La différence en termes d’emploi peut s’étudier en considérant les structures industrielles du pays, et en particulier la transformation d’une économie industrielle, qui favorise un travail plus « physique » à une économie de services qui requiert plus de capacités sociales ou intellectuelles. Le travail féminin étant comparativement plus productif dans le tertiaire, il est beaucoup plus demandé dans ce secteur.
Outre ces comparaisons internationales, j’ai travaillé sur la question de l’emploi à temps partiel en Grande Bretagne qui concerne environ 44 % des femmes. Quand on interroge ces dernières, la plupart sont plutôt contentes de leurs horaires de travail et de l’équilibre entre leur vie de famille et leur vie professionnelle. Cependant, la sanction en termes de salaire horaire est plutôt lourde puisqu’il s’agit de travail peu qualifié tel que du travail d’entretien ou d’assistanat. La façon la plus efficace pour réduire cette perte de salaire horaire serait de faciliter les transitions entre temps complet et temps partiel tout en gardant le même poste de travail.”
Source: PSE La letttre n°9, avril 2012.
Barbara Petrongolo est professeure d’économie à l’université de Queen Mary et chercheuse associée à la London School of Economics, où elle a passé son PhD et une grande partie de sa carrière académique. Ses recherches, qui se concentrent sur le marché du travail, lui ont valu de nombreuses publications dans de prestigieuses revues telles que le International Economic Review, le Journal of Public Economics ou l’American Economic Review. Elle a obtenu en 2009 une Chaire Île-de-France à la Paris School of Economics.
Digging deeper:
Claudia Olivetti, Barbara Petrongolo: Unequal pay or unequal employment? A cross-country analysis of gender gaps. Journal of Labor Economics 26: 621-654, 2008.
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